La reconstruction mammaire

En France, le cancer du sein touche environ 1 femme sur 8, le plus souvent après 50 ans. Dans bien des cas, son traitement nécessite une mastectomie, ablation du sein totale ou partielle. De nombreuses patientes décident alors de procéder à une reconstruction mammaire, dans un but esthétique mais aussi psychologique.

Cancer du sein et mastectomie

La prise en charge médicale du cancer du sein prend différentes formes : radiothérapie, chimiothérapie ou hormonothérapie. Quel que soit ce traitement, il n’est la plupart du temps initié qu’après un acte chirurgical : ablation de la tumeur (tumorectomie) ou du sein (mastectomie). La mastectomie, totale ou partielle, est un événement traumatisant et qui atteint les patientes dans leur féminité. Si, pour certaines, l’utilisation d’une prothèse externe est suffisamment satisfaisante, d’autres font le choix légitime de procéder à une reconstruction mammaire, processus qui requiert différentes chirurgies successives dans la majorité des cas.

La reconstruction mammaire immédiate

La reconstruction mammaire est dite immédiate quand sa première étape est réalisée sur le même temps opératoire que la mastectomie. Cette stratégie de traitement permet d’amoindrir significativement l’impact psychologique et esthétique de l’ablation du sein, mais ne peut être pratiquée que dans des cas bien précis. En particulier, il ne faut pas qu’elle vienne gêner la prise en charge du cancer qui reste la priorité absolue.

Les différentes techniques décrites ci-dessous sont envisageables dans le cadre d’une reconstruction mammaire immédiate, adaptées au cas par cas, en fonction des souhaits de la patiente, de sa morphologie et des traitements ultérieurs.

La reconstruction mammaire secondaire

La reconstruction mammaire secondaire est la stratégie mise en place quand une reconstruction immédiate n’a pu être proposée à la patiente. Elle ne peut être planifiée qu’à distance des traitements médicaux qui suivent la mastectomie : 6 mois après la fin d’une chimiothérapie et 12 mois après celle d’une radiothérapie. 

Une reconstruction mammaire secondaire se compose généralement de 3 temps chirurgicaux successifs : une intervention pour reconstruire le volume mammaire, une autre pour symétriser les deux seins et une dernière quand il convient de reconstruire l’aréole et le mamelon.

Reconstruction du volume mammaire 

Cette intervention est en général la plus lourde et peut nécessiter une hospitalisation selon la méthode choisie. On distingue les techniques « autologues », ou ce sont des tissus prélevés sur la patiente elle-même qui sont utilisés, et les techniques « prothétiques ». Ces deux options peuvent parfois être combinées.

Reconstruction autologue

La méthode du lipofilling consiste à prélever la graisse d’autres parties du corps et à la transférer au niveau du sein à l’aide de petites canules. Rarement utilisée seule, sauf quand le sein est de faible volume, c’est surtout la méthode de choix pour corriger les petites imperfections des autres modes de reconstruction.

Pour sa part, la technique par « lambeau du grand dorsal » se base sur le prélèvement du muscle grand dorsal, non indispensable au quotidien sauf exception, et d’une partie de peau de cette zone. La cicatrice est horizontale, localisée dans le soutien-gorge. C’est une chirurgie qui donne de bons résultats.

La dernière catégorie de modes de reconstruction autologues regroupe les techniques dites « de lambeaux libres ». Dans ce cas, la peau, la graisse et dans certains cas du muscle, situés à distance du sein, sont prélevés avec leurs vaisseaux pour être revascularisés sous microscope au niveau de la poitrine. Plus longue que la méthode du grand dorsal, cette technique donne des résultats jugés naturels et durables.

La zone de prélèvement des lambeaux est variable mais le DIEP (« Deep Inferior Epigastric Perforator flap » en anglais) est le plus courant, correspondant à la zone comprise entre le nombril et le pubis. D’autres sont néanmoins parfois utilisés : le gracilis (face interne de la cuisse), le PAP (partie haute et postérieure de la cuisse) ou encore le SGAP, prélevé au niveau de la fesse.

Reconstruction prothétique 

Ces traitements utilisent une prothèse ou un expandeur. Les prothèses sont constituées d’une enveloppe de silicone remplie de gel de silicone. De forme ronde, elles peuvent être placées en arrière ou en avant du muscle pectoral. C’est une intervention relativement courte, et qui donne de bons résultats avec des suites opératoires souvent plus simples.  Les implants ont une durée de vie moyenne de 10 ans. Ils exigent une surveillance régulière et doivent être changés lorsqu’ils présentent des signes d’usure. 

Les expandeurs sont majoritairement utilisés comme des prothèses provisoires, en particulier quand la quantité de tissus cutanés est insuffisante ou que la peau est trop fragile pour directement mettre en place la prothèse définitive. Leur rôle est de distendre la peau progressivement. L’utilisation d’un expandeur peut aussi se justifier en cas d’incertitude sur les traitements du cancer complémentaires à venir.

Ils sont constitués d’une enveloppe de silicone dans laquelle est injecté du sérum physiologique. Les injections démarrent environ 1 mois après l’intervention, une fois la cicatrisation complète. Elles ont lieu une à deux fois par semaine pendant une durée variable, quelques semaines en général. Cela se fait en consultation, à l’aide d’une aiguille.

Symétrisation  

Dans la grande majorité des cas, le sein intact, non impacté par la mastectomie, doit être retouché pour obtenir une poitrine symétrique. Cette intervention peut intervenir environ 3 mois après la première. Elle est généralement plus légère, souvent réalisée en ambulatoire. Il peut notamment s’agir de mettre en place un implant mammaire ou de réaliser un lifting du sein.

Reconstruction de l’aréole et du mamelon   

C’est souvent la dernière étape du parcours de reconstruction mammaire réalisée en ambulatoire. Le principe est souvent de prélever de la peau sur la face interne de la cuisse, au niveau de l’aine, et de s’en servir pour reconstruire l’aréole. Si la patiente souhaite limiter la durée d’intervention, un tatouage peut aussi être envisagé.

Pour reconstruire le mamelon, la greffe d’une partie de celui de l’autre sein (greffe controlatérale) est souvent pratiquée. Parfois, c’est plutôt la méthode « des lambeaux locaux » qui est utilisée. C’est alors un lambeau de peau roulé sur lui-même qui permet de reconstruire le volume du mamelon. 

Enfin, si nécessaire, des retouches peuvent aussi être effectuées au cours de cette dernière intervention, pour parfaire le résultat final de la reconstruction mammaire.

Le Docteur Harold Chatel

Chirurgien esthétique et plasticien spécialiste de la chirurgie de reconstruction mammaire, pratique également des interventions de chirurgie de la silhouettte, de chirurgie du visage et de chirurgie du sein, exerçant à Paris 16ème.

Les autres chirurgies réparatrices

Chirurgie pour ablation de lésion de la peau

Chirurgie réparatrice après cancer de la peau

Chirurgie réparatrice après cancer du sein